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Insight: Inspirer la prochaine génération d'agriculteurs

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INSIGHT: Hans Joehr, responsable, Agriculture pour Nestlé

Par Hans Joehr, responsable, Agriculture pour Nestlé

Une bonne partie du débat sur l'avenir de la production alimentaire met l'accent sur notre capacité à cultiver suffisamment pour nourrir la population mondiale croissante.

Nous devrons pourtant y arriver, avec moins de terres pour ce faire. Plus de la moitié des terres déjà utilisées pour l'agriculture sont modérément ou gravement touchées par la dégradation du sol; par ailleurs, les changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes, combinés à une augmentation des épidémies de peste et d'autres maladies, constituent autant de facteurs problématiques qui viennent s'ajouter à une équation déjà complexe.

Toutefois, nous ne devons pas oublier une autre question tout aussi importante: qui va relever ce défi extraordinaire?

Population vieillissante

Selon de récents sondages sur la démographie rurale aux États-Unis, au Japon et au sein de l'Union européenne, les populations d'agriculteurs vieillissent rapidement.

Moins de 5 % des agriculteurs des pays analysés étaient âgés de moins de 35 ans. Aux États-Unis, la moyenne d'âge des agriculteurs est de 58 ans, alors qu'elle est de 67 ans au Japon. En Europe, plus du tiers des agriculteurs sont âgés de plus de 65 ans.

Il est évident que nous n'avons pas fait assez pour convaincre les jeunes que l'agriculture peut non seulement leur procurer un revenu intéressant, mais également une reconnaissance sociale.

Occupation axée sur le savoir

Les systèmes et les méthodes de production agricole ont certainement fait en sorte que l'agriculture est aujourd'hui moins exigeante sur le plan de la main-d'oeuvre et plus efficace que durant les décennies précédentes, ce qui explique pourquoi la plupart d'entre nous ont accès à de la nourriture tous les jours, et ce, à très faible coût.

Toutefois, cela ne signifie pas que l'agriculture est devenue plus facile ou qu'elle exige moins de compétences. Les compétences et les connaissances requises pour diriger les exploitations agricoles commerciales ne font pas qu'évoluer rapidement; elles sont de plus en plus complexes.

Si vous pouvez trouver des moyens d'améliorer la durabilité des systèmes d'exploitation agricole sans polluer, gaspiller ou détruire les ressources naturelles, vous pouvez contribuer de façon extraordinaire à la société et à l'environnement.

Pour y arriver, nous avons besoin de gens intelligents et compétents. Précisément ces personnes qui ont tendance à quitter la campagne pour les centres urbains dès qu'elles en ont l'occasion.

Migration urbaine

L'exode des jeunes gens talentueux des régions rurales n'a rien de nouveau. Cette réalité n'est d'ailleurs pas l'apanage des pays développés. Le Brésil et l'Inde signalent une pénurie de main-d'oeuvre agricole, même si les salaires des travailleurs agricoles ont connu une augmentation significative au cours des dernières années.

Certaines personnes prétendent qu'une telle migration est inévitable et qu'il est donc inutile d'investir dans des initiatives visant à renverser la tendance. Voilà qui est faux

Formation de base

Nous devons faire plus pour offrir de la formation et des mesures incitatives visant à favoriser le développement de collectivités prospères, et ce, tant dans les régions rurales que dans les régions urbaines.

Alors que les agriculteurs des pays développés ont accès à de la formation, ce n'est pas le cas pour les centaines de millions de petits exploitants de la plupart des pays émergents. La majorité de ces derniers ne deviennent pas agriculteurs par choix, mais par défaut. Et dans bien des cas, ils ne possèdent pas les compétences les plus élémentaires pour exploiter leur ferme efficacement.

Octroyer plus de ressources afin d'offrir une éducation et de la formation aux jeunes agriculteurs et leur fournir du microfinancement et l'accès au marché contribue à assurer l'avenir de l'agriculture et à lutter contre la pauvreté.

Écoles autosuffisantes

L'initiative des écoles autosuffisantes en matière d'agriculture de l'organisme sans but lucratif Fundación Paraguaya illustre bien comment ce concept peut fonctionner dans la pratique.

Cette initiative, la plus récente lauréate du Prix Nestlé pour la Création de valeur partagée, met sur pied des micro-entreprises dans les locaux des écoles afin d'offrir aux étudiants une formation technique et pratique en plus du programme d'études normal.

Avec le soutien de la Fundación Paraguaya, chaque école prépare un plan commercial de formation et de production pour déterminer le type de petites entreprises qu'elle va mettre sur pied. Ces entreprises vont de la production laitière à l'horticulture biologique en passant par les services hôteliers, l'apiculture et la production d'oeufs.

L'objectif est d'enseigner aux adolescents les compétences dont ils ont besoin pour diriger leurs propres entreprises, en plus de les rendre plus intéressants aux yeux des employeurs.

Excellente détermination

S'il faut nourrir neuf milliards de personnes sur toute la planète d'ici 2050, un énorme effort collectif sera nécessaire de la part des entreprises, des organismes de développement, des organisations non gouvernementales, des organismes d'aide et des gouvernements pour offrir systématiquement ce type d'éducation et de formation aux agriculteurs.

Cela peut et doit être fait. C'est le seul moyen de rendre l'agriculture plus efficiente, plus durable et plus attrayante pour les jeunes.

Nous n'avons tout simplement plus le choix. Un monde sans agriculture est un monde sans nourriture.